Quand on fait de la production et en particulier quand on est indépendant, auto-produit ou dans une petite structure, on cherche des aides, des subventions et donc de l’argent; et pour obtenir de l’argent (en France, on est quand même très chanceux), il y a beaucoup d’organismes différents qui peuvent nous y aider.
www.monprojetmusique.fr est le site de référence (il n’est pas exhaustif mais presque) avec tous les programmes d’aide auxquels vous pouvez prétendre; c’est très souvent mis à jour parce que, chaque année, il y a des règles qui changent dans tous ces programmes. Il y a de grandes lignes qui ne bougent pas forcément mais c’est bien, avant chaque projet, de faire un tour sur ce site et de voir à quoi on est éligible, à quoi on n’est pas éligible mais comment on pourrait le devenir parce que souvent il y a de petites astuces pour se mettre dans les “clous”.
Quand on est seul et indépendant, si on est une personne physique, généralement on est peu aidé; d’où la nécessité d’avoir une personne morale c’est-à-dire une association ou, encore mieux, une société (SARL, SAS, etc.)
Droit d’auteur et droit voisin
Il faut savoir que l’argent de toutes ces aides et subventions vient principalement des droits d’auteurs et des droits voisins:
– le droit d’auteur, c’est quand on écrit une chanson et/ou qu’on la compose et/ou qu’on l’édite, c’est la SACEM qui s’occupe de gérer ce type de droit.
– le droit voisin, c’est généralement un peu plus flou pour les artistes; déjà, parce que c’est beaucoup plus récent que le droit d’auteur puisque cela date de 1985, en France et dans pas mal d’autres pays signataires de ce que l’on appelle la Convention de Rome (que l’on voit parfois dans certains critères de dossiers). En fait, le droit voisin est né d’un constat: les auteurs-compositeurs touchent de l’argent quand leurs oeuvres sont utilisées mais les interprètes et les producteurs ne touchent rien; donc pour résoudre cette situation, on a créé deux taxes:
- la rémunération équitable qui est une taxe prélevée sur les lieux qui diffusent de la musique (salles d’attente, coiffeurs, supermarchés, etc.) et qui n’ont pas à déclarer la musique qu’ils diffusent; ils ne sont d’ailleurs parfois pas au courant de ce qu’ils diffusent parce qu’ils font appel à un prestataire ou bien parce qu’ils mettent tout simplement la radio; pour avoir le droit de diffuser de la musique, ces lieux paient une taxe forfaitaire qui est ensuite redistribuée.
- la copie privée, c’est la plus connue des deux, c’est la taxe qui est sur les supports vierges; le terme est moins d’actualité mais la copie privée l’est toujours. On a d’abord taxé les cassettes audio vierges et les bandes, puis les minidiscs, les CD vierges, les VHS, etc. Aujourd’hui, on taxe les disques durs, les téléphones portables (qui ont des unités de stockage), les cartes SD et, plus généralement, tous les supports qui vont permettre de faire une copie que l’on va considérer comme étant non-commerciale (par exemple, je fais une copie d’un CD acheté dans le commerce pour le partager avec ma famille, l’utiliser dans ma voiture); pour ne pas avoir à contrôler la terre entière et faire payer tout le temps, on a instauré cette taxe sur tous ces supports vierges et on considère que l’on peut les utiliser pour un usage strictement privé.
Ces deux taxes sont ensuite récoltées par des organismes de producteurs et des organismes d’artistes-interprètes.
Droits des artistes-interprètes
Les droits des artistes-interprètes sont gérés par deux organismes:
- l’ADAMI gère plutôt les droits des artistes-interprètes solistes ou principaux; on considère que l’artiste principal est celui qui a son nom sur le CD (donc les membres d’un groupe ou l’interprète (chanteur ou chanteuse) principal).
- la SPEDIDAM gère les droits des artistes secondaires c’est-à-dire les musiciens qui viennent jouer pour les séances en studio (et qui n’interviennent plus ensuite sur le projet) ou bien les musiciens qui accompagnent le projet en live.
Quand on parle de droits voisins, on parle de droits voisins du droit d’auteur qui lui est géré par la SACEM. En terme de volume, le droit voisin génère moins de droits que le droit d’auteur mais, dans la loi, il y a 25% des sommes récoltées qui doivent aller à l’action culturelle.
Par définition, contrairement au droit d’auteur SACEM, pour le droit voisin, on sait très rarement à qui doit revenir l’argent puisque ce sont, globalement, des sommes forfaitaires qui sont prélevées. Donc, on en reverse une grande partie selon les chiffres de ventes, les chiffres de diffusion radio, avec des grilles de calculs assez complexes.
Pour l’action culturelle, ces organismes consacrent donc un quart de ces sommes et une partie des irrépartissables c’est-à-dire l’argent qui provient d’oeuvres identifiées mais qui proviennent de pays non-signataires de la Convention de Rome; par exemple, les Etats-Unis n’ont pas de droit voisin donc, en France, quand on récole des droits voisins au titre d’un producteur américain, l’argent va à la création culturelle en France et pas à lui; par ailleurs, les artistes français qui tournent aux Etats-Unis ne touchent pas de droits voisins lorsqu’ils jouent sur ce territoire.
Comme nous venons de le voir, sur l’argent récolté, il y a une partie qui revient aux artistes-interprètes et une partie qui revient aux producteurs.
Droits des producteurs phonographiques
Pour les producteurs phonographiques, Il y a deux sociétés de gestion qui se sont d’ailleurs créées en même temps:
– la SPPF: historiquement, ce sont plutôt les labels indépendants.
– la SCPP qui concerne plutôt les majors, même s’il y a beaucoup de labels indépendants qui sont adhérents notamment parce que, à une époque, il était plus simple d’y adhérer et qu’il y avait plus de programmes d’aides; malgré tout, il y a plus de moyens car le volume récolté par la SCPP est plus important que celui récolté par la SPPF.